Sept heures du matin, sur ma terrasse : j’observe l’immobilité totale de la nature. 

Aucune feuille ne bouge, même les bambous sont parfaitement immobiles, comme irréels, tenus en équilibre par les forces de la cohésion et de la gravité. Et pourtant, la sève circule, les atomes gravitent à des vitesses prodigieuses, et la terre qui supporte ces grands arbres tourne sur elle-même et se déplace autour du soleil à cent mille kilomètres à l’heure. N’est ce pas miraculeux ? 

Comme si le temps visuel s’était arrêté ; car les bruits de la nature – coqs, chiens, criquets, oiseaux – suivent toujours le rythme du temps. Comment exprimer ce repos des formes, qui ne sont pas figées, mais complètement épanouies, paisibles et détendues, reposant naturellement dans la manifestation physique de leur essence. Un oiseau traverse ce décor immuable : la nature au repos, enracinée dans la terre comme les montagnes qui se dressent au loin. 

Cette immobilité apparente cache l’effervescence effrénée de la vie…

29 octobre1998, Chiang Mai