Ne plus commenter, intérieurement ou extérieurement, ni argumenter sur les idées, les vues et les croyances d’autrui. Ni les approuver ni s’y opposer, mais rester équanime, sans préférences ni opinions. Ne pas s’impliquer, mais garder un complet détachement, sans intention ou désir d’inter­venir, de contredire, de s’opposer, de défendre son point de vue. Ne pas avoir de point de vue, ni sur les techniques de pêche des Esquimaux du Groenland ni sur les pratiques animistes des Zoulous du Zimbaoué ; et pas davantage sur les maîtres du védanta, les incohérences de la politique ou les tur­pitudes du monde. 

Quel soulagement, quelle tranquillité, quel bien-être…

Ne plus nous laisser affecter par ce qui ne nous concerne pas ; mais pas non plus par ce qui nous concerne : notre santé, notre confort, notre environnement, nos possessions, nos relations, notre travail… Faire au mieux les choses sur lesquelles nous avons un certain contrôle, et ne pas nous soucier de celles sur lesquelles nous en avons peu ou aucun ; et avoir la sagesse de voir la différence.

Éviter de faire des remarques ou de poser des questions sur des sujets qui vont susciter des polémiques ou des conflits. Mais garder le silence sans réagir, sans rajouter son grain de sel ou des remarques désobligeantes, sarcastiques ou provocatrices. Toutes les vues sont relatives, et donc fausses ; et elles sont impermanentes, insatisfaisantes et impersonnelles. Les laisser passer, comme les nuages dans le ciel.

L’esprit reste calme, silencieux et imperturbable, comme le bleu du ciel.

18 février 2018, Chiang Mai